La Passe-Miroir Intégrale
- Alexandra Jacques
- 26 déc. 2021
- 8 min de lecture
Titre : La Passe-Miroir, tome 1, Les Fiancés de l’hiver.
Auteur : Christelle Dabos.
Couverture : Laurent Gapaillard.
Édition : Gallimard Jeunesse.
Pages : 518.
Résumé de La Passe-Miroir, tome 1, Les Fiancés de l’hiver : « N’essayez sous aucun prétexte de détruire ce livre.»

Critique de La Passe-Miroir, tome 1, Les Fiancés de l’hiver : Poétique.
J’ai été désarçonnée par le style d’écriture de l’auteur avant d’être conquise par elle. On dirait de véritables ornements quand elle écrit. Les descriptions peuvent vite nous faire décrocher, mais celles-ci sont courtes et fascinantes. Elles sont non seulement efficaces pour que nous puissions être totalement immergés dans ce monde décalé mais elles sont aussi d’une poésie qui me rendent admirative. C’est une très belle écriture. Christelle Dabos parvient à faire jaillir une scène devant vos yeux en deux, trois mots efficaces. Vous avez les jeux de lumières, les postures et les expressions des personnages, les meubles, etc., nous avons l’impression d’être dedans, de les voir. Dans ces fabuleuses descriptions, c’est nous qui passons la tête à l’intérieur du livre pour découvrir les Arches, à l’image d’Ophélie et de ses miroirs. ✨
Christelle Dabos a un style original qui se fait ressentir dans son écriture mais également dans la conception de son monde imaginaire et de ses personnages. Les thèmes que l’auteur aborde sont magnifiquement traités. Nous sommes bercés par son écriture jusqu’à ce qu’un drame surgisse. Tout est rondement mené. La magie de ses personnages n’est pas exposée au premier plan, elle est introduite au moment opportun. Et j’ai apprécié ne pas être attaquée par des pavés pour expliquer chaque clan, chaque don ou chaque lignée. On les découvre tranquillement en même temps qu’Ophélie ou bien les justifications et descriptions sont amenées quand il le faut, jusqu’à ce que ça vous surprenne. 💥
Tout est élégant. Il y a tellement d’élégance que, forcément, nous sommes confrontés aux faux-semblants de cet univers aristocratique et d’excès. Malgré l’atmosphère raffinée, le récit ne manque pas de mordant. On ne s’ennuie pas. Christelle Dabos amène son intrigue sur la pointe des pieds… avant de tout faire renverser, comme Ophélie, discrète mais repérable par sa maladresse. ☕️
Parlons personnages… C’est rare que j’apprécie autant un personnage principal féminin. Ophélie est douce et patiente, même trop, et je la trouve adorable. Elle m’a attendrie bon nombre de fois, pourtant j’attendais qu’elle explose au lieu de porter tout sur ses épaules. Elle endure beaucoup. Je souhaitais que les souffrances de ce personnage s’arrêtent car elle ne méritait pas qu’on lui fasse tout ce mal. Elle est forte, courageuse et maladroite certes, mais c’est ce qui la rend si attachante. Et bien qu’elle peut paraître très silencieuse, elle sait quand il faut s’exprimer pour se faire entendre. Je l’adore. 🧣
Il y a eu des personnages qui m’ont exaspérés, d’autres surpris et d’autres encore que j’ai détestés, mais ils sont tous très intrigants. Je ne sais pas quoi penser de Thorn, la tante Bérénilde m’énerve mais de temps en temps, je ressens de la compassion pour elle, Archibald m’amuse et me rend sceptique à la fois, puis la tante d’Ophélie me fait sourire ou parfois rouler des yeux. On ne sait pas à quoi s’attendre avec toute cette panoplie d’originaux, et qu’est-ce que je suis contente de ne pas réussir à deviner quelles sont exactement leurs intentions avant qu’elles ne soient révélées.
J’aime La Passe-Miroir pour toute cette belle imagination, ces personnages hauts en couleurs et complexes, presque sortis des contes de fées, et la clarté des scènes qui vous apparaissent quand vous lisez les descriptions de l’auteur.
Une merveilleuse magie !
★
Titre : La Passe-Miroir, tome 2, Les Disparus du Clairdelune.
Auteur : Christelle Dabos.
Couverture : Laurent Gapaillard.
Édition : Gallimard Jeunesse.
Pages : 550.
Résumé de La Passe-Miroir, tome 2, Les Disparus du Clairdelune : « Ophélie devrait se rendre à l’évidence : elle s’était perdue.»
Critique de La Passe-Miroir, tome 2, Les Disparus du Clairdelune : Incroyable univers.
Heureusement que j’ai l’intégral sous la patte parce que sinon je serais morte d’impatience — je me demande comment les fans de la saga ont fait pour patienter. De mon côté, je me serais dit que Christelle Dabos mérite toute notre patience pour écrire une si belle histoire. Le premier tome est magnifique, et le second le surpasse !
Nous retrouvons Ophélie et Thorn dans la cour de Farouk qui se trouve à la Citacielle. Nos deux personnages principaux vont, encore une fois, survivre aux complots… et mener une enquête. 🔎
Nous plongeons donc de plus en plus dans l’univers de l’auteur et petit à petit, nous en comprenons mieux les détails. Toutefois il reste encore tellement à découvrir, et l’auteur nous le fait bien comprendre par son dernier chapitre.
Les personnages de Christelle Dabos ne sont vraiment pas communs. Ophélie est, certes discrète, mais aussi d’un caractère fort qu’on ne peut pas ignorer. Bien sûr qu’elle a ses moments de faiblesse, et heureusement, c’est ce qui donnent de la profondeur au personnage. Et on retrouve la même particularité chez Thorn ! Les personnages, même secondaires, ont tous leur petite touche, ce petit quelque chose qui souligne leur caractère, leur personnalité.
Encore une fois, son écriture fait rêver. Elle choisit le bon rythme et le bon vocabulaire, elle joue avec les mots et les phrases, elle les sublime.
★
Titre : La Passe-Miroir, tome 3, La Mémoire de Babel.
Auteur : Christelle Dabos.
Couverture : Laurent Gapaillard.
Édition : Gallimard Jeunesse.
Pages : 483.
Résumé de La Passe-Miroir, tome 3, La Mémoire de Babel : « Le soldat sans tête. Les mimosas dorés. L’ancienne école.
— C’est ici, murmura-t-elle. »
Critique de La Passe-Miroir, tome 3, La Mémoire de Babel : Enchanteur.
Nous découvrons Babel, une arche où la censure et les règles sont des mots d’ordre, et pourtant, tout évolue dans une belle jungle moderne. Ophélie découvre seule ce nouveau monde car elle veut à tout prix retrouver son immense et hivernal mari disparu, Thorn. J’apprécie leur relation car je la trouve sincère bien que maladroite. Elle n’est pas enjolivée comme dans certaines histoires d’amour, le récit n’est pas centré essentiellement sur cette intrigue non plus, ainsi ce sont des points que je juge positifs pour ma lecture. Une belle histoire authentique et complexe.
Nous retrouvons donc notre courageuse et petite Ophélie au grand cœur, notre Thorn tout cabossé, une inquiète et splendide Bérénilde devenue maman, une bienveillante et tempétueuse tante Roseline, notre splendide et magnifique clochard Archibald, le duo inséparable et comique Gaëlle et Renard… Mais nous rencontrons encore bien d’autres personnalités, comme l’adorable inversé Ambroise, le malchanceux Blazius, l’impassible et fière Elizabeth, et le charmant, l’énigmatique Octavio. Et tant d’autres encore. Ces personnages, comme ceux d’avant, Christelle Dabos nous les fait découvrir avec amour. À tel point que, nous aussi, on s’attache à chacun d’entre eux. Normalement, dès que trop de personnages entrent dans une histoire, nous nous perdons et nous en oublions certains, mais ils ont tous des caractéristiques si particulières, des ambitions si profondes, que nous pensons à eux tous. Pour dire, j’imagine tous ces personnages passés par l’imagination de Tim Burton pour une adaptation visuelle tellement certains de ces personnalités, voire tous, sont originales.
Dans ce troisième tome, Christelle Dabos poursuit sa critique sur le totalitarisme et la censure avec l’univers de Babel. C’est une dénonciation rondement bien menée. Mais les livres de La Passe-Miroir sont aussi une façon d’aborder d’autres thèmes pour lesquels je ne me serais pas penchée au premier abord comme la religion, la notion du bien et du mal, la politique… Et je suis contente de les avoir lus grâce au monde merveilleux et à l’écriture poétique de l’auteur.
Nous pourrions avoir peur d’être lassée lorsqu’on poursuit une série, mais les rebondissements sont sensationnels et nous voulons donc connaître tous les secrets de cet univers. Bien qu’il n’y ait pas d’action dans ce troisième tome, que tout se passe pratiquement sur Babel, je n’ai pas été déçue. J’étais à fond avec Ophélie. Et, encore une fois, c’est une véritable intrigue policière que mène notre héroïne. Elle doit, encore, faire face à des mésaventures. Elle pensait avoir tout affronté au Pôle, au Clairedelune… Ophélie s’aperçoit bien vite du contraire. Moi-même je me suis rendue compte durant ma lecture de l’évolution d’Ophélie.
Et, bien entendu et à mon plus grand plaisir, Christelle Dabos continue de mettre au cœur de son histoire les livres. À Babel, nous retrouvons une majestueuse Bibliothèque, une grande Académie où des étudiants se défient, se mettent des bâtons dans les roues, pour devenir des virtuoses.
Alors j’ai adoré cette arche malgré tout codifiée, car j’ai pu retrouver Ophélie, Archibald et Thorn, mais j’ai aussi pu rencontrer Octavio et Blazius. J’ai passé d’excellents moments ! Du coup, je ne vais pas me retenir plus longtemps pour me lancer illico dans la dernière et quatrième aventure de La Passe-Miroir.
★
Titre : La Passe-Miroir, tome 4, La Tempête des échos.
Auteur : Christelle Dabos.
Couverture : Laurent Gapaillard.
Édition : Gallimard Jeunesse.
Pages : 565.
Résumé de La Passe-Miroir, tome 4, La Tempête des échos : « Elle était parfois assaillie de souvenirs étrangers. »
Critique de La Passe-Miroir, tome 4, La Tempête des échos : Déconcertant.
L’univers de La Passe-Miroir est à saluer. C’est un imaginaire qui nous laisse sans voix, foisonnant et surprenant. De tome en tome, l’intrigue se déploie mais nous donne aussi la sensation d’être perdus. Je trouve que cette saga est déstabilisante même si je l’ai adorée. Et surtout avec ce dernier tome qui est, sans se le cacher, particulier. Comparé aux autres romans de Fantasy, La Passe-Miroir repose sur des ressorts différents, mêlant merveilleux, steampunk, naissance et destruction du monde, philosophie et science. Un beau petit mélange. Autre point à soulever : tout est imprévisible. On va de nos petites théories, mais Christelle Dabos manie son intrigue d’une main de maître.
Néanmoins, pour ce dernier tome, j’ai des émotions qui prédominent. Oui, c’est une belle histoire avec des personnages surprenants, mais j’ai été frustrée et comme vidée par La Tempête des échos. Des passages m’ont presque fait tourner la tête tant j’étais perdue, j’avais l’impression de rien comprendre. J’étais comme totalement dépaysée, en train de flotter par-dessus le récit. L’histoire de ce quatrième tome m’a parue comme abstraite. J’avais l’impression d’accrocher quelque chose dans l’intrigue, mais cela s’échappait aussitôt de mes doigts dès que j’en approchais. Une sensation de fugacité.
J’ai donc essayé de m’accrocher au personnage principal, Ophélie. Et là aussi, je ne sais pas trop quoi en penser. Christelle Dabos m’a donnée l’impression qu’elle faisait vivre à Ophélie une sorte de parcours initiatique entre son inconscient et son conscient afin de donner naissance à la véritable Ophélie. La Tempête des échos est, selon mes sensations, une lecture spirituelle, philosophique. Lecture intéressante, mais confuse. Comme je le disais plus haut, je croyais toucher quelque chose du doigt mais je n’y voyais aucune conclusion. Et Ophélie m’a parue comme dissoute. Son caractère, son charme aurait été comme aspirés par tout ce qu’elle traverse.
La fin n’est pas explosive, et je crois que j’aurais peut-être souhaité un autre point final, mais les dénouements sont rarement appréciés, j’ai envie de dire. Mais comme pour tout le quatrième tome, ça m’a laissé un peu sur ma faim. Un sentiment d’inachevé. Et en même temps, c’est un final que je qualifierais de poétique, beau. Qui nous emmènerais encore vers l’ailleurs. Nous plongerais encore dans d’autres intrigues…
Christelle Dabos a probablement fait exprès de provoquer cette émotion-là, la frustration, avec un dernier tome aussi différent des trois premiers, mais je ne peux pas m’empêcher d’être déçue pour le sort de certains personnages. Ils ont été délaissés au profit de toute l’intrigue. Comme s’ils n’avaient plus la moindre importance. Mais oui, au moins celle-ci a été résolue.
En tout cas, voilà mon ressenti, je suis mitigée et perturbée par cette fin. Mais l’histoire est d’une imagination incroyable et tient la route, qu’on accepte ou non le dénouement. Les révélations s’enchaînent avec dynamisme, je tournais les pages sans m’en rendre compte. Tout allait vite dans un monde toujours autant original.
Alors voilà, il y a de la déception, j’ai préféré les trois premiers tomes, mais j’ai tout de même été transportée jusqu’à la toute fin. L’histoire m’a bercée, m’a rendue confuse, mais elle est bien. Je me dis que l’auteur brise des codes et que je n’ai pas été prête pour lire une telle intrigue. Mais aucun regret : La Passe-Miroir est un voyage fabuleux pour son originalité et son audace. J’ai bien aimé vivre toutes ces aventures avec Ophélie. 🧣
– Alex ★
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